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Hôtel de Ville et médiathèque


L’Hôtel de ville et la médiathèque

L’hôtel de ville de Montbrison et la médiathèque de la Communauté d’agglomération Loire-Forez occupent l’ancien couvent des cordeliers et, pour la médiathèque, son ancienne chapelle.

 

A travers l’histoire 

Au Moyen Âge, le couvent des cordeliers – une branche des franciscains –, fondé en 1233, se composait comme aujourd’hui de trois corps de bâtiments encadrant un cloître. L’église en constituait l’aile Sud. L’actuelle place de l’hôtel-de-ville était le potager, la place Eugène-Baune le cimetière des moines. Il y eut beaucoup de reconstructions après les incendies de 1643 et 1731.

Le couvent des cordeliers était bien inséré dans la vie de la cité. Il fut très tôt utilisé par les échevins de Montbrison comme lieu de réunion. Après la Révolution, il devint l’hôtel-de-ville et l’est resté jusqu’à nos jours. Aux XIXe et XXe siècles, son histoire est chaotique et compliquée. Au début du XIXe siècle, une partie du cloître, le chœur et les chapelles latérales de l’église furent démolies. La nef de l’église fut divisée en deux par un plancher intermédiaire, la partie basse devenant une halle aux grains, la partie haute accueillant le théâtre municipal (un magnifique théâtre « à l’italienne »). Le bâtiment central fut occupé par l’hôtel-de-ville, celui de la rue des arches abrita l’école normale d’instituteurs et, même, un temps, un atelier textile. L’ancienne cour du cloître fut occupée à partir du milieu du XIXe par une grenette (halle aux grains) qui servait aussi de salle des fêtes. Elle s’écroula en 1917 et ne fut pas reconstruite, dégageant l’ancien cloître. Le chœur de l’église, démoli, fut remplacé par un café (plus tard, au XXe s., foyer du soldat puis bibliothèque municipale). Dans les années 1955-1960, pour mieux assurer la solidité et le maintien de l’ancienne chapelle, une dalle de béton fut coulée et sépara les deux niveaux : la caserne des pompiers s’installa au rez-de-chaussée du bâtiment de l’ancienne église et le théâtre municipal, en mauvais état, fut démoli et devint la salle des fêtes.

 

L’hôtel-de-ville

Aujourd’hui l’hôtel-de-ville occupe le bâtiment central qui ouvre sur la place du même nom et l’aile Nord : il loge les services municipaux, les bureaux, la salle du conseil municipal. Le corps principal, bien restauré et percé de fenêtres hautes, s’ouvre au premier étage par un balcon central qui est surmonté d’un fronton triangulaire. Un bel appareil de pierre lui donne grande allure. A l’intérieur, au rez-de-chaussée, une salle voûtée, dite salle du chapitre a servi, dès avant 1789, de salle de réunion pour les « assemblées de ville » ; les cordeliers prêtaient une partie de leur couvent qui servait d’hôtel-de-ville. L’Assemblée des membres de la noblesse s’y tint en 1789 pour élire ses députés aux Etats-Généraux.

Des travaux de rénovation importants ont été effectués en 1988 : rénovation de l’aile Nord (le long de la rue des arches) qui abrite les bureaux de la mairie. Dans le bâtiment central, le hall d’entrée a un escalier monumental du XVIIIe siècle. Les travaux ont permis la restauration de la salle Renaissance (cheminée XVIe siècle) située au rez-de-chaussée, qui accueille conférences et réceptions.

Au premier étage un buste, érigé par souscription, perpétue le souvenir de Claude Lachèze, maire de Montbrison sous le premier Empire et député de la Loire.

La salle dite du conseil municipal (il siège désormais à l’orangerie du Jardin d’Allard), dans laquelle se célèbrent les mariages, est décorée de tableaux du XIXe siècle : Le retour de la moisson (1886) de Rixens évoque une France rurale et bucolique. Les Préparatifs de la fête nationale (1886), de Louis Dumoulin, représente la fête du 14 juillet, célébrée sur le lieu même où se déroula l’événement.

L’Office du Tourisme, ouvert sur le cloître, est dans l’aile Nord. Au dernier étage, le service des archives municipales conserve la mémoire de la cité.

 

La Chapelle des cordeliers

L’ancienne église avait été consacrée en 1272 : elle était l’une des plus importantes de la ville, célèbre par la flèche qui la surmontait et qui fut abattue par la foudre en 1768. Elle est bien représentée sur le dessin de l’Armorial de Guillaume Revel (1450) qui montre l’alignement de la nef – sans les chapelles latérales qui sont postérieures -, le chœur, la flèche posée sur un clocher crénelé et ouvert de plusieurs baies.

Cette église des cordeliers était à une seule nef, très large et sans piliers, avec une voûte recouverte d’un lambris. Elle était éclairée, de chaque côté, par des fenêtres hautes. Le chœur était voûté de pierre. Des chapelles latérales, dédiées à tous les saints (la Toussaint), à saint Louis « de Marseille » et à sainte Claire, furent ajoutées au Sud, aux XVe et XVe siècles ; la nef fut rehaussée au XVIIIe siècle. Au fil du temps, l’église des cordeliers était devenue la nécropole de la noblesse forézienne : deux comtesses de Forez (Jeanne de Montfort, épouse de Guy VI, et Jeanne de Bourbon, épouse de Guy VII) y furent inhumées. Au XVe siècle, les remparts qui entourèrent la ville délimitèrent à l’ouest le domaine des cordeliers.

La construction par la Communauté d’agglomération Loire-Forez d’une médiathèque a été à l’origine, avant la construction de celle-ci, de fouilles archéologiques sur le site de l’ancienne chapelle des cordeliers choisi pour cette construction. Trois chantiers de fouilles ont été menés de 2010 à 2015. La médiathèque a été construite entre 2014 et 2016.

 

Premiers apports historiques des fouilles archélogiques

L’organisation de l’espace :

L’église des Cordeliers, érigée dans le dernier quart du XIIIe siècle, orientée est-ouest, mesurait près de 46 m de longueur pour une largeur de 16 m (intérieur). Elle était épaulée sur son côté méridional par une série de contreforts. De l’autre côté, dans le mur nord, qui servait d’appui au cloître, des piliers séparaient des enfeus aménagés dans la maçonnerie. L’espace intérieur de l’église était divisé en deux parties égales, séparées par une clôture de chœur. Deux portes permettaient l’accès de la galerie sud du cloître à l’église. La porte donnant sur le chœur devait être réservée aux cordeliers, alors que l’autre permettait aux laïcs d’accéder à la partie non conventuelle de l’église.

Entre le XIVe et le XVIIe siècle, une série de chapelles latérales fut construite le long du mur méridional de l’église. Les fouilles ont montré que toutes ces chapelles étaient dotées d’un autel ; la plus orientale (côté place de l’hôtel-de-ville) a livré un intéressant ensemble de peintures (Christ en majesté accompagné d’un ange portant un phylactère). La nef fut rehaussée dans le courant du XVIIe siècle avec l’aménagement de nouvelles fenêtres et d’une nouvelle toiture, ce qui est apparu dès que, en 2010, l’enduit qui recouvrait le bâtiment fut enlevé.

La galerie du cloître, d’une largeur de 3 m, était couverte d’une simple charpente. Le cloître avait été construit en 1282 mais de nombreux éléments (éléments d’arcature et enduits peints) indiquent qu’il fut largement modifié au XVe siècle.

 

Les sépultures 

La fouille des sépultures a révélé l’existence de 77 structures funéraires, dont 62 sépultures en fosse, rassemblant un total de 121 personnes inhumées. Des ossuaires avaient sans doute été constitués lorsqu’il y avait eu des réductions de sépultures. Il y avait à la fois des sépultures en fosses (avec cercueil et/ou linceul), mais aussi des caveaux qui étaient dans l’église (nef, chœur et chapelles) et dans la galerie du cloître.

Il n’a pas été possible d’identifier les squelettes qui ont été découverts dans ces sépultures (pas d’épitaphes, pas d’objets funéraires distinctifs). Ils feront l’objet d’une étude anthropologique (origine, taille, maladies et blessures éventuelles, etc.).

Cette importance des fosses et des caveaux était liée au droit de sépulture, c’est-à-dire à la possibilité par les familles d’élire sépulture dans l’église, le cloître, le cimetière des cordeliers. C’était l’une des principales ressources des ordres mendiants. Ce droit de sépulture induisait une organisation ouverte de l’espace conventuel pour que les familles puissent venir se recueillir. Nous sommes dans un espace ouvert sur la ville : les cordeliers peuvent prêcher en ville (ils le font, en particulier lors du carême), aller confesser les clarisses, les fidèles peuvent venir entendre l’office dans l’église, les confréries religieuses s’installent dans les chapelles latérales de l’église et les échevins viennent délibérer chez les cordeliers.

 

Le chantier et la construction de la Médiathèque

Les architectes, l’atelier Julien Rivat et l’atelier Feasson-Gagnal-Goulois ont dû concilier deux impératifs : mettre en valeur un patrimoine historique ancien et lui donner un usage contemporain en aménageant 1 800 m² de surface utile.

La dalle qui séparait les deux niveaux ayant été démolie, le bâtiment était devenu une coquille vide et fragile ; il fut enserré de poutrelles d’acier qui maintinrent les murs pendant plusieurs mois alors que les différents niveaux de la médiathèque étaient bâtis et le toit reconstruit. Des éléments modernes, couverts de cuivre – ce qui a parfois surpris les Montbrisonnais – occupent les emplacements des chapelles latérales et en rappellent l’existence. La façade, côté cloître, est formée d’une lame vitrée qui éclaire l’intérieur ; le mur mitoyen de l’hôtel-de-ville s’y reflète. L’intérieur de la médiathèque allie pureté des formes architecturales et sobriété des matériaux. Il est éclairé par un « canon de lumière » venant de la verrière créée en toiture ; une faille verticale lumineuse éclaire ainsi tous les niveaux de la médiathèque et rappelle la hauteur de la nef désormais divisée en cinq niveaux.

Les lecteurs de la médiathèque sont au rendez-vous : les cordeliers étaient des moines instruits. Ils ont, en somme, trouvé des successeurs dans le domaine de la culture. Ils étaient, on l’a dit, ouverts sur la ville : des galeries de la Médiathèque, on a de belles vues sur Montbrison et sur les monts du Forez.

Crédits et remerciements

Ce parcours du patrimoine de la ville de Montbrison est le fruit d’une collaboration entre les services de la ville, les associations patrimoniales : Amis des Thermes, de Sainte Eugénie, Amis de la colline du calvaire, Pays d’Art et d’Histoire, des passionnés d’histoire de Village en Forez, sous la coordination de Jeanine Paloulian adjointe au patrimoine. Remerciements particuliers à l’office du tourisme Loire Forez, Pierre Drevet, Michèle Bouteille, Mme Brunet qui ont contribué à l’écriture.

Photos : Ville de Montbrison, Dronereporter42, Archipat, Archives municipales (fonds Fayard) Loire Forez agglomération, Aquarelle Jean-Claude Golvin.