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Colline du Calvaire
La colline du calvaire
Quel que soit le lieu par lequel on arrive à Montbrison, le promeneur aperçoit la colline surmontée de ses trois croix, qui domine la ville. Ce calvaire, qui a donné son nom à la colline, est en effet établi sur une butte basaltique (alt. 429 m). Autour de cette butte sur laquelle se dressait l’ancien château des comtes de Forez, la cité de Montbrison, capitale du Forez, s’est développée au Moyen Âge, au contact de la plaine et de la montagne et au voisinage du Grand chemin de Forez.
Le château des comtes de Forez
Bâti vers 1080, le château était un ouvrage défensif mais son rôle a été principalement administratif. Le bourg castral entouré d’une première enceinte renfermait alors un donjon, un hôpital de pauvres ainsi que plusieurs chapelles : Sainte-Marie, la chapelle du Calvaire, Saint-Pierre…
Dès le 12e siècle, l’administration comtale est venue s’installer dans le château qui devient la résidence habituelle des comtes de Forez qui y vivent entourés de leurs chevaliers.
Une deuxième enceinte castrale, plus vaste, est construite au cours du 13e siècle. Elle est percée de trois portes : à l’ouest la porte de la Barrière, au sud la porte de l’Archiprêtré et au nord la porte de Savigneux.
La tour de la Barrière de forme cylindrique, fut construite entre 1223 et 1258, en pierres de bel appareil, et appartenait donc à la deuxième enceinte fortifiée qui entourait le château comtal. L’édifice, au pied duquel avait été creusé un fossé profond, défendait l’entrée principale du château. Cette tour aux dimensions imposantes (7,80 m de diamètre, hauteur : 20 m, épaisseur des murs : 2,35 m) comporte six niveaux de plancher et possède une ouverture à l’est. Depuis le Moyen Âge le bâtiment a été ravagé par plusieurs incendies (en 1359, en 1717…) et a été maintes fois remanié : on observera que sa partie supérieure est constituée de matériaux disparates alors que sa base présente un appareillage régulier. Aujourd’hui elle constitue l’un des seuls vestiges du système de fortification du château et vient de faire l’objet de fouilles archéologiques.
Au début du 14e siècle, la résidence comtale se déplace près de la collégiale. La chambre des comptes établie dans le donjon est finalement installée en 1383 près de la tour de la Barrière.
A partir de 1372 le comté de Forez est réuni au duché de Bourbon et Montbrison perd son rôle de capitale.
En 1428 Marie de Berry, duchesse de Bourbon, autorise la construction d’une troisième enceinte pour protéger la ville.
En 1562 le château est saccagé par le baron des Adrets lors de la prise de la ville. Le château perd son donjon touché par la foudre en 1582 ; quelque temps après, il est démantelé complètement sur ordre d’Henri IV. Aujourd’hui il reste peu de traces du château féodal dont les pierres ont servi de carrière aux XVIIe et XVIIIe s. lors de la construction de deux couvents de religieuses.
Le paysage du quartier a été considérablement bouleversé depuis dix siècles et le château des comtes a laissé peu de vestiges. Heureusement plusieurs études archéologiques réalisées depuis trente ans ont permis de se faire une idée plus précise de l’aménagement du bourg castral.
Á partir de 1630, un couvent des Ursulines est construit sur le versant sud-est de la colline grâce à la générosité de la famille Chapuis de la Villette.
En 1634 les notables de la ville autorisent l’installation d’un couvent de Visitandines. Les travaux débutent en 1643 (bâtiments de l’actuel centre musical et du palais de justice) et se poursuivent jusqu’au 18e s. en utilisant les pierres du château. À partir de 1700 l’église du couvent est construite selon les plans de l’architecte Martin de Noinville, élève de Mansart. À la Révolution, les religieuses sont chassées de leur couvent.
Le début du 19e siècle est marqué par des aménagements importants du quartier de la colline et par la destruction des remparts de la ville.
En 1804, une caserne de gendarmerie s’installe dans les locaux de l’ancien couvent des Ursulines. Trois ans plus tard, elle fait place à un collège municipal qui fonctionnera jusqu’en 1821. Ensuite est installé un petit séminaire (devenu, aujourd’hui, le collège Victor-de-Laprade) alors que s’ouvrait, en face, en 1824, l’école communale des Frères qui deviendra plus tard l’école Saint-Aubrin.
La partie la plus ancienne du couvent des Visitandines est transformée en prison, le bâtiment central accueille, en 1822, la caserne de gendarmerie. L’église Sainte-Marie et les locaux les plus proches deviennent le palais de justice. Plus tard, la cour d’assises tiendra ses séances dans cette église.
Sous le Ier Empire, Jean-Baptiste d’Allard, riche gentilhomme montbrisonnais, décide de transformer le sommet de la colline pour établir sur la butte un calvaire formé de trois croix en bois, point d’arrivée d’un chemin de croix ; une grotte, qui existe encore, représentait le tombeau du Christ. Les trois croix monumentales que l’on voit aujourd’hui, ont été édifiées en 1870. Elles représentent le Christ entouré des deux larrons. Selon une tradition très ancienne », les Montbrisonnais montaient au calvaire « en grand nombre » pendant la Semaine sainte. Jean-Baptiste d’Allard fait aussi bâtir la Providence, maison qu’il confie aux religieuses de Marie-Joseph (les sœurs des prisons) pour assister les prisonnières, tenir un ouvroir et le bureau de bienfaisance de la ville.
La colline à laquelle on accède depuis la ville à partir de plusieurs rues tortueuses et pittoresques, constitue un belvédère idéal d’où la vue s’étend, au-delà des toits de tuiles roses serrés à ses pieds, sur toute la plaine du Forez à l’abri des monts qui l’entourent.
Crédits et remerciements
Ce parcours du patrimoine de la ville de Montbrison est le fruit d’une collaboration entre les services de la ville, les associations patrimoniales : Amis des Thermes, de Sainte Eugénie, Amis de la colline du calvaire, Pays d’Art et d’Histoire, des passionnés d’histoire de Village en Forez, sous la coordination de Jeanine Paloulian adjointe au patrimoine. Remerciements particuliers à l’office du tourisme Loire Forez, Pierre Drevet, Michèle Bouteille, Mme Brunet qui ont contribué à l’écriture.
Photos : Ville de Montbrison, Dronereporter42, Archipat, Archives municipales (fonds Fayard) Loire Forez agglomération, Aquarelle Jean-Claude Golvin.